Pressé contre ton corps au mien tout emmêlé,
et tes lisses épaules où naissent les routes de ton étreinte,
où naissent ta voix claire et tes regards lointains,
j'éprouvai tout soudain le vide infini de son absence.
Car toutes ces années que j'en suis sevré,
plante grimpante sensible au moindre souffle,
je l'ai senti à chaque contact s'offrir et se reprendre
et chaque jour avidement je déchiffre un message riche de la seule date
et son nom s'agrandit et chaque fois vibre plus intense
car sa voix ne parlait qu'à mon oreille
car ses yeux éloignés ont fait clore les miens,
et mon âme n'est plus qu'un temple désaffecté.
Mais ce corps, ton corps, est un dieu étrange
en mes souvenirs forgé, reflet de moi-même,
par ma pureté suave, et grand de mes désirs,
masque,
statue qu'à sa mémoire j'ai dressée.
Salvador Novo
Translator: Armand Guibert
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